mercredi 24 juillet 2024

Traduction : Florence Rigollet

« Depuis le début de l’enquête, il y a ce mot qui revient en permanence : le contexte. Pas de coupable particulier. Plutôt une synergie d’interactions. »

***

Dans la ville crépusculaire de Parme, recouverte d’un épais manteau de neige, la pourriture semble se cacher partout : la corruption sévit, la criminalité échappe à tout contrôle et la révolte grandit. 

Le commissaire Soneri tente difficilement de réprimer sa colère devant ce désordre incontrôlable. 

Il doit composer avec trois axes d’investigation, trois faits étranges dont le lien semble impossible à faire. 

Le premier vient d’Angela, sa compagne, qui rapporte des sons étranges provenant de la rive du fleuve. Se glissant dans l’herbe gelée, Soneri trouve un téléphone portable – sans carte mémoire – et de mystérieuses traces de chiens qui ne vont nulle part. 

Le second débute dans un hospice, avec la disparition mystérieuse d’un vieil homme amnésique, et qui semble n’avoir laissé aucune trace. 

Enfin, le troisième piste d’enquête conduit Soneri vers les pistes de ski sur lesquelles le maire de la ville s’est évaporé : tout le monde savait qu’il serait là en vacances, personne ne se souvient de l’y avoir vu. 

S’il y a bien une chose dont est certain Soneri, c’est que tous ces cas dissimulent une même stratégie : celle du lézard.

***

Le C.O.N.T.E.X.T.E. L e mot valise un poil sordide. L’ultime refuge. « C’est que vous comprenez, vous n’avez pas le contexte. » Le contexte : entre expliquer et excuser, seules les deux premières lettres comptent, les autres sont interchangeables.

C’est ce contexte qui explique (donc) pourquoi le maire de Parme décide d’aller faire du ski alors que la moitié de son conseil municipal est accusé de corruption. Pourquoi des chiens errants se font traquer dans une Parme enneigée, pourquoi des portables sonnent la nuit sur les berges, pourquoi un pauvre hère, vieillard et sénile, meure de froid sur les marches d’un escalier.

Le commissaire Soneri n‘a pas le contexte.

C’est à lui de relier les fils. Il fera, à son habitude, en grandes enjambées nerveuses, réflexions nocturnes, agapes culinaires et énervement récurrent.  Soneri est toujours en colère. Au cours des huit enquêtes précédentes, il ne la cacha jamais mais ici elle se pare d’un fumet révolutionnaire.

Il n’en peut plus Soneri de la prévarication, de la gangrène. De la nécrose généralisée des élites quand on tombe matraque sortie, code pénal brandi, toute sévérité requise sur un braqueur d’autoradio. Il ne supporte plus les glapissements « populistes, populistes ! » quand il en fait la remarque.

Il finira bien par nouer les fils Soneri, en une investigation sinueuse, haletante, sans recourir à des courses dans des tunnels mal éclairés, des guns au canon encore chaud et des crissements de pneus. Soneri prend son temps dans une époque où plus personne n’en a ou le prend quand même.

Jamais peut-être, la profession de journaliste de Valerio Varesi ne s’est fait aussi sentir, dans ce polar aérien et politique. Où Soneri perd ses nerfs et les retrouve devant un bon plat ou dans les bras de sa compagne Angela plus indispensable que jamais.

Toujours génialissime...

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire