lundi 10 décembre 2018


"Pourtant, Denny Malone payerait cher pour recommencer.
Il donnerait tout. 
Car il n'aurait jamais pensé se retrouver dans une prison fédérale. Personne ne l'aurait pensé, sauf peut-être Dieu, mais Il était resté muet.
Et Malone est là.
Sans son arme, sans son insigne, ni quoi que ce soit d'autre qui indique qui il est, ce qu'il est, ce qu'il était et qui il é setait. 
Un flic ripou."


***

Fuckin' hell(o) les amiches. 

Remémorons, rembobinons. 

2002. 

Une série qui claque le sang, qui fouette les nerfs, débarque sur nos fenestrons télévisuels. Un pilote à la dernière scène des plus saisissantes. Au denier plan parfait : 


Nul doute que Don Winslow est un fan de cette série, à laquelle son dernier roman en date fait furieusement songer.


Denny Malone est le roi de Manhattan North, le leader charismatique de la Force, une unité d’élite qui fait la loi dans les rues de New York et n’hésite pas à se salir les mains pour combattre les gangs, les dealers et les trafiquants d’armes. 

Après dix-huit années de service, il est respecté et admiré de tous. Mais le jour où, après une descente, Malone et sa garde rapprochée planquent pour des millions de dollars de drogue, la ligne jaune est franchie. 

Le FBI le rattrape et va tout mettre en œuvre pour le forcer à dénoncer ses coéquipiers. Dans le même temps, il devient une cible pour les mafieux et les politiques corrompus. 

Seulement, Malone connaît tous leurs secrets. Et tous, il peut les faire tomber…

Don Winslow délaisse ici, l'aspect, disons, plus ludique de son oeuvre pour revenir au polar dur et sec comme une matraque souillée de sang séché, de la veine de ses phénoménaux LA GRIFFE DU CHIEN et CARTEL.

S'il n'atteint pas tout à fait la densité invraisemblable de ses prestigieux devanciers, CORRUPTION est un plaisir de lecture hautement addictif. Un weekend de lecture compulsive en ce qui me concerne.

Se reposant (comme toujours) sur un travail documentaire poussé, Winslow déroule un récit intense, la chute d'un homme qui se débat dans ses contradictions et qui, dans cette chute, dévoile l'hypocrisie d'un système qui se veut exemplaire... Pour les autres. 

Entre les petits services, les enveloppes qui gonflent de jour en jour, la corruption galope comme un feu de Bengale sur une brousse sèche comme de l'étoupe. Don Winslow s'appuie sur un style direct, sans fioriture et une construction démoniaque au carré. Et des personnages taillés dans une étoffe faussement rugueuse, plus complexes que leur virilisme, trop burné pour être honnête. Quels personnages !

Malgré des protagonistes peu aimables, pourris jusqu'aux tréfonfonds, qui voue Franck Serpico aux neuf cercles de l'enfer, regrettant qu'il n'y en aient que neuf... En dépit de cela, Winslow ne peut se départir d'une empathie certaine envers ses flics qui trempent dans les trafics les plus louches mais qui n'ont aucune illusion sur ce qu'ils sont et sur ce qu'ils font. Ils font parfois le bien d'ailleurs. 

C'est aussi cela CORRUPTION, un monde qui refuse le binaire, qui ne le voit pas en noir et blanc. 50 nuances de gris. Qu'il faut lire ! Contrairement aux autres. 

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