vendredi 1 juin 2018



"Les Américains confondaient niveau de vie et qualité de la vie, égalité des chances et médiocrité institutionnalisée, bravade et courage, machisme et virilité, libertinage et liberté, verbosité et clarté de langage, amusement et plaisir – bref, toutes les erreurs communes à ceux qui croient que la justice implique l’égalité pour tous, plus que l’égalité entre égaux."


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Salutations les aminches.
Je ne tenterais pas la formulation en japonais.

Peut-être avez-vous ressenti cela en matant BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS, en visionnant LA CASA DE PAPEL ? Je ne comprends pas ? Je ne saisis pas l'ampleur du phénomène. Cela nous est tous arrivé. Une amie est même passée à travers Star Wars, trilogie originelle hein, pas la resucée Disney où on a tous fait comme elle.

Mais on peut se contenter d'un haussement d'épaules. LES CH'TIS ou PAPEL, ce n'est pas bien fameux... Et alors ? Cela n'a rien de honteux non plus. 

Là, pour ce livre, en revanche, j'ai plus de mail à relativiser.


Nicholaï Hel est l'homme le plus recherché du monde. 

Né à Shanghai en plein chaos de la Première Guerre mondiale, fils d'une aristocrate russe et protégé d'un maître de Go japonais, il a survécu à la destruction d'Hiroshima pour en émerger comme l'assassin le plus doué de son époque. 

Son secret réside dans sa détermination à atteindre une forme rare d'excellence personnelle: le shibumi. 

Désormais retiré dans sa forteresse du Pays basque, Nicholaï accueille une jeune étrangère venue lui demander son aide. 

II se retrouve alors traqué par une organisation internationale de terreur et d'anéantissement - la Mother Company - et doit se préparer à un ultime affrontement. 

J'avoue que je ne comprends pas. Je ne saisis pas cette aura autour de ce livre. Un livre qui nous présente un gros con qui passe son temps à essentialiser. Les Américains sont tous des abrutis vulgaires, les Arabes des marchands de chèvres à l'hygiène douteuse, les Français des couards radins, les Anglais des snobs arrogants. Les individus n'existent pas chez Travanian, dans ce roman en tout cas. Si l'on croise un personnage, il se conformera à son référentiel ethnique fantasmé par Trevanian. 

"L'Amérique a été peuplée par la lie de l'Europe. Ceci étant, nous devons les considérer comme innocents. Innocents comme la vipère, le chacal. Dangereux et perfides, mais non coupables. [...] ce n'est pas une race. Pas même une civilisation. Seulement un ragoût culturel des détritus et des restes du banquet européen. Au mieux, une technologie à apparence humaine."

Et, à part les Japonais qui sont des génies de délicatesse, qui se sont seulement laissés aller à quelques mouvements d'humeur à Nankin, vite évacués dans le bouquin pour en remettre une couche sur ces décérébrés adeptes de barbecue et de beurre de cacahuète, personne ne trouve grâce aux yeux de Trevanian. 

Mais quel émerveillement que ce livre ! Célébré pour sa lucidité, dans les bonnes pages cultures des hebdomadaires qui comptent. Lucidité qui consiste surtout à répandre sa diarrhée, honnir le monde entier, balancer des généralités étouffantes qui répondent toutes à un seul requis, un manque constant d'humour qui en devient comique. Le doute n'est pas permis chez Trevanian. Trevanian a tout compris, sur et bien... à peu près tout. Le mec pontifiant qui te pourrit ta journée en t'expliquant la marche du monde que tu es bien trop simplet pour appréhender. 

Peut-être est-ce ce goût du secret qui accompagna la vie de Trevanian, pseudo derrière lequel se cachait Rodney Whitaker, prof de fac (misère...), qui fila le frisson aux éditorialistes ? Trevanian s'ingénia à brouiller les pistes, engagea un comédien pour tenir son propre rôle, pour dissimuler sa véritable identité. On n'est pas là, il me semble, dans une timidité humble (et maladive) à la Salinger mais dans un truc de poseur, un mec qui fuit les honneurs pour mieux les récolter. Sûrement est-ce mon antipathie envers son livre qui déteint sur l'auteur...

Personne ne trouve grâce aux yeux de Trevanian. Hormis son héros Nicholaï Hel,apatride et élevé par des Japonais. Il est le plus et le meilleur. Son truc c'est le plus et le meilleur. Intelligent il l'est plus. Il est aussi le meilleur combattant, le meilleur amant. Si une femme fait l'amour à Nicholas Hel, il ne doit pas tout donner sinon l'orgasme élémentaire lui sera interdit pour le reste de son existence. Sans déconner... Je n'invente rien. La pauvre fille ne s'en remettrait pas d'avoir connu les bras et le kikou de Nicholaï Hel. On se croirait devant un sketch ou une parodie, l'humour en moins. C'est bien simple, James Bond à côté, c'est une chiure de mouche, un gars sympa, un peu lourd mais sympa. Hel lui c'est plus le type qu'on balance à poil sur la banquise et qui se retrouve deux jours plus tard, dans la villa du méchant à Belize, en train de l'énucléer avec sa brosse à dents. Un genre de Steven Seagal avec plus de vocabulaire. 

"Et vous avez vu un peu les armes qu'il utilise ? En dehors du traditionnel arsenal de fusils et de gaz asphyxiants, il y avait des trucs aussi incongrus qu'un peigne de poche, une paille pour boire, une feuille de papier pliée, une clé, une ampoule électrique... Ce type vous étranglerait avec vos propres couilles, si vous ne faisiez pas attention !"

Ajoutons une pincée d'histoire pauvrette (avec une bonne idée, une seule, confier le rôle de l'organisation immonde au cartel des compagnies pétrolières), bim bam boum dans la tronche aux vils cruels n'américains bas du front, démontés consciencieusement par Hel. Une vision de la femme qui est là pour servir, faire le lit et monter dedans. Et vous aurez un livre de beauf, écrit par un beauf, à la subtilité éléphantesque d'un nanar de C17 de fin de soirée.

BOFUMI ? BEAUFUMI oui. 

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