dimanche 3 juin 2018


"For my country..."


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привет (enfin je crois) les aminches.

A y est.

C'est fini. 



La formidable série THE AMERICANS a tiré sa révérence. 

THE AMERICANS est un cas unique dans le paysage sériel. Elle cumule des audiences confidentielles et une aura critique hors norme, alors qu'elle aura reçu très peu (trop peu) de récompenses. 

[En même temps ce genre de pinces fesses... Genre les Emmy awards, qui peuvent nominer la même série 6 fois d'affilée ! De toutes façons, une cérémonie qui oublie de nommer THE LEFTOVERS ne mérite pas que l'on s'y attarde.]

Nous ne suivrons donc plus nos agents doubles, espions soviétiques implantés aux Etats-Unis, espionnant l'oncle Sam pour Mother Russia. Et on peut dire que le régime soviétique leur doit beaucoup : si l'URSS a tenu si longtemps, il le doit beaucoup à un espionnage efficace. 

THE AMERICANS n'est ni 24, ni HOMELAND. Elle a son propre rythme, plus contemplatif, plus lent, plus fascinant. 



Portée par deux acteurs phénoménaux, Kerri Russel et Matthew Rhys, dont l'alchimie est d'une évidence fracassante, THE AMERICANS est tout autant une histoire d'amour à rebours (les deux espions en service commandé se détestent cordialement au début et finiront par s'aimer) qu'un drame familial et intimiste. 

Nous sommes tous des agents secrets au sein de nos famille, en quelque sorte, c'est un peu ce que dit THE AMERICANS. Nous avons tous quelque chose à cacher, mais peu d'entre eux nous sont des espions à la solde d'une puissance étrangère, je vous l'accorde. 

Cependant, THE AMERICANS n'est en rien une série plan plan, d'une langueur anesthésiante. Elle marie magistralement l'action pure, les ruses de l'espion des eigthies (qui ne peut compter sur une aide technologique relevant parfois de la pure sorcellerie) à une géopolitique oubliée, Reagan vs l'Empire du Mal (selon ses propres mots). Un revival années 80 subtilement mis en péloche, à des années lumières du matraquage parfois saoulant d'un STRANGER THINGS par exemple.. Une époque où deux blocs bien définis se faisaient face, se haïssaient mais se ressemblaient bien plus qu'ils ne voulaient se l'avouer.

En cette dernière saison, plus ramassée, plus tendue, l'Union Soviétique agonise et Gorbatchev attend de planter la banderille. Mais les caciques du régime ne désarment pas et une guerre civile interne se déroule loin des regards. Certains, au Centre de Moscou, cherchent à évincer le nouveau Secrétaire Général. Les Jennings se retrouvent au sein de ce maelstrom, Philip qui a quitté la carrière voit d'un bon œil ce potentiel changement de ligne, Elizabeth elle pasionaria effilée reste intraitable. 

Toujours subtile, la série modifiera ces positions qui semblent figées. Nous suivons, la boule au ventre, les manœuvres, les complots, pressentant que cela finira mal, que cela ne peut que finir mal. Les Jennings sont hantés par ce qu'ils ont fait pour Mère Patrie, ils étaient programmés pour cette mission, conditionnés. THE AMERICANS, c'est aussi la vision glaçante d'un patriotisme intégral, tant d'un côté que de l'autre ; excuse toute trouvée pour justifier une abdication de la raison, une essentialisation d'un ennemi démoniaque, pris dans une globalité infernale : tous les Russes, tous les Américains sont tels qu'on nous l'a enfoncé dans le cervelet.

Mais petit à petit, ce prérequis se délite, ce mécanisme se détraque...

Le dernier épisode, magistral, ne déroge pas à l'exigence intense de la série. Refusant le bêtement spectaculaire, il nous loge une boule durable dans la gorge et se conclut sur un dernier plan doux amer. 



Magnifique série. 

Je suis content qu'elle se finisse. Je ne suis pas preneur des séries qui cumulent trop de saisons 

De cette façon, en outre. 

N'empêche... Ils vont me manquer.

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