"Mais il faut contextualiser. Reprenons la fin du point de vue du continent.
Considérons cette masse terrestre.
Une masse terrestre des plus banales. Montagnes, plateaux, gorges, deltas – rien que de très ordinaire. Banale, si on oublie sa taille et son dynamisme. Car elle s’agite beaucoup. Comme un vieillard qui remue dans son lit, elle se soulève et soupire, pince les lèvres et pète, bâille et déglutit. Ses habitants l’ont évidemment appelée le Fixe. C’est un continent d’ironie amère, quoique discrète.
Le Fixe a eu d’autres noms. Il a été jadis plusieurs masses terrestres distinctes, il est à présent vaste continent sans solution de continuité, mais un jour, à l’avenir, il sera une fois de plus divisé.
Ce jour est proche. Très proche."
***
Salutations les aminches.
Ça se détraque, part en coude méchamment. Les phénomènes climatiques problématisent, les plaques tectoniques twistent, Gaïa fait du hula hoop et nous sommes le cerceau.
Quand on voit sa maison emportée comme un fétu de paille, comme si une divinité cruelle tapait dans notre fourmilière, notre monde sombre.
La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s’est d’ailleurs déjà produit plus d’une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, auxquelles l’humanité n’a survécu que de justesse.
Les gens comme vous, les orogènes, qui possédez le talent de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. C’est tout l’inverse. Vous devez vous cacher. Jusqu'au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille.
Vous allez les retrouver, et peu importe que le monde soit en train de partir en morceaux.
Le dernier livre de mon année riche et dense de lectures nourricières, mais pas le moindre.
Un monde où les séismes sont de véritables cataclysmes débouchant sur des hivers nucléaires : les cinquièmes saisons. L'humanité vacille, telle une bougie en plein courant d'air, elle tremble mais résiste. Jusqu'à la prochaine cinquième saison.
Pourtant les hommes disposent d'un atout, une alternative : les orogènes qui peuvent maîtriser les mouvements d'humeur du Père Terre. Cependant, s'ils peuvent empêcher les séismes, ils peuvent aussi les provoquer. On les soumet donc à un contrôle strict, embrigadés dans le Fulcrum, sous l’œil vigilant des gardiens, qui eux, possèdent le pouvoir de neutraliser leur orogénie.
Les orogènes sont traités comme de la merde.
Ce roman féministe débute au tout début d'une nouvelle cinquième saison. Une costaude. Une de celle qui s’apparente à LA ROUTE de Cormac McCarthy, un long hiver de plusieurs siècles et l'extinction de la quasi totalité de la population.
De cela Nessun, l'héroïne, n'en a cure. Son mari a battu à mort son fils de trois ans, s'étant rendu compte qu'il était un orogène. Et incidemment, qu'il lui ait sauvé la vie à lui et tous les villageois, épargnant leur village, détournant inconsciemment les ondes sismiques qui se répandent sur le continent telles des vagues inarrêtables ; il s'en carre le moignon à grands coups de pelles.
Nessun traque son mari qui a enlevé son deuxième enfant, sa fille, sur un continent qui agonise lentement.
Étrange livre qui emprunte le sous genre, légèrement sur-exploité du post apocalyptique en l'enrichissant d'une plume décalée. Où les adjectifs se trouvent employés en léger différé, ce qui nous donne une plume alerte et vive, faisant vivre un monde où les montagnes se montrent inflexibles :
"La main de la mangeuse de pierre sort de la roche, blanche, dense, le bout des doigts teintés de rouille. [...] La main enveloppe l'arrière du crâne (...) avec une douceur remarquable. Personne ne s'attend que les montagnes soient douces. Elles sont en revanche inexorables"
Le post zapopo n'est qu'un aspect du livre qui se lit à travers trois temporalités, trois histoires distinctes qui suivent le destin d'une fillette, d'une jeune femme et de Nessun, lignes qui finiront par se rejoindre.
L'on saute ainsi du récit initiatique à la Potter en suivant les premiers pas d'une jeune Orogène au Fulcrum. Des pages plus franchement Fantaisy en s'attachant aux pas d'une jeune Orogène et de son mentor, dévoilant les sombres secrets du Fulcrum. Enfin la quête vengeresse de Nessun, luttant contre son désespoir abyssal.
Tout simplement brillant.
Un livre qui, quand il prend son rythme, ne nous lâche plus, jusqu'à la dernière page de ce premier tome, éprouvant et palpitant, d'une trilogie qui nous fait dire : vivement le prochain nom d'un sismographe en mousse !
Ça se détraque, part en coude méchamment. Les phénomènes climatiques problématisent, les plaques tectoniques twistent, Gaïa fait du hula hoop et nous sommes le cerceau.
Quand on voit sa maison emportée comme un fétu de paille, comme si une divinité cruelle tapait dans notre fourmilière, notre monde sombre.
La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s’est d’ailleurs déjà produit plus d’une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, auxquelles l’humanité n’a survécu que de justesse.
Les gens comme vous, les orogènes, qui possédez le talent de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. C’est tout l’inverse. Vous devez vous cacher. Jusqu'au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille.
Vous allez les retrouver, et peu importe que le monde soit en train de partir en morceaux.
Le dernier livre de mon année riche et dense de lectures nourricières, mais pas le moindre.
Un monde où les séismes sont de véritables cataclysmes débouchant sur des hivers nucléaires : les cinquièmes saisons. L'humanité vacille, telle une bougie en plein courant d'air, elle tremble mais résiste. Jusqu'à la prochaine cinquième saison.
Pourtant les hommes disposent d'un atout, une alternative : les orogènes qui peuvent maîtriser les mouvements d'humeur du Père Terre. Cependant, s'ils peuvent empêcher les séismes, ils peuvent aussi les provoquer. On les soumet donc à un contrôle strict, embrigadés dans le Fulcrum, sous l’œil vigilant des gardiens, qui eux, possèdent le pouvoir de neutraliser leur orogénie.
Les orogènes sont traités comme de la merde.
Ce roman féministe débute au tout début d'une nouvelle cinquième saison. Une costaude. Une de celle qui s’apparente à LA ROUTE de Cormac McCarthy, un long hiver de plusieurs siècles et l'extinction de la quasi totalité de la population.
De cela Nessun, l'héroïne, n'en a cure. Son mari a battu à mort son fils de trois ans, s'étant rendu compte qu'il était un orogène. Et incidemment, qu'il lui ait sauvé la vie à lui et tous les villageois, épargnant leur village, détournant inconsciemment les ondes sismiques qui se répandent sur le continent telles des vagues inarrêtables ; il s'en carre le moignon à grands coups de pelles.
Nessun traque son mari qui a enlevé son deuxième enfant, sa fille, sur un continent qui agonise lentement.
Étrange livre qui emprunte le sous genre, légèrement sur-exploité du post apocalyptique en l'enrichissant d'une plume décalée. Où les adjectifs se trouvent employés en léger différé, ce qui nous donne une plume alerte et vive, faisant vivre un monde où les montagnes se montrent inflexibles :
"La main de la mangeuse de pierre sort de la roche, blanche, dense, le bout des doigts teintés de rouille. [...] La main enveloppe l'arrière du crâne (...) avec une douceur remarquable. Personne ne s'attend que les montagnes soient douces. Elles sont en revanche inexorables"
Le post zapopo n'est qu'un aspect du livre qui se lit à travers trois temporalités, trois histoires distinctes qui suivent le destin d'une fillette, d'une jeune femme et de Nessun, lignes qui finiront par se rejoindre.
L'on saute ainsi du récit initiatique à la Potter en suivant les premiers pas d'une jeune Orogène au Fulcrum. Des pages plus franchement Fantaisy en s'attachant aux pas d'une jeune Orogène et de son mentor, dévoilant les sombres secrets du Fulcrum. Enfin la quête vengeresse de Nessun, luttant contre son désespoir abyssal.
Tout simplement brillant.
Un livre qui, quand il prend son rythme, ne nous lâche plus, jusqu'à la dernière page de ce premier tome, éprouvant et palpitant, d'une trilogie qui nous fait dire : vivement le prochain nom d'un sismographe en mousse !
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