"Comment anticiper la folie quand on ignore comment fonctionnent les fous ?"
***
Bien le bonjour les aminches,
C'est la rentrée. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle parce que c'est bien plus pratique, il faut en convenir. Puisque nous avons quitté les rives enchantées de l'enfance depuis quelque temps déjà, que nous n'angoissons plus devant ce tunnel scolaire qui s'ouvre devant nous, la rentrée s'apparente surtout à ce mot barbare : mercato.
Le jeu des chaises musicales, qui remplace qui sur la strapontin de l'access prime-time, cible privilégiées des pubards avides.
Ou bien rentrée littéraire ou comment optimiser l'espace au delà des lois de la physique pour empiler tous les romans, essais, récits etc. sur une table en formica blanc.
Ou encore les nouvelles séries qui déboulent dans la lucarne.
Ah ben voilà...
En 1977, à l'aube de la psychologie criminologique et du profilage criminel au sein du FBI, les agents Holden Ford et Bill Tench vont s'entretenir avec plusieurs tueurs en série.
Ensemble, et avec l'aide de la psychologue Wendy Carr, ils vont tenter de cerner la personnalité de nombreux meurtriers afin d'acquérir les connaissances nécessaires à la résolution d'affaires criminelles.
"'Tain, les serial killers, encore ??!!"
J'entends votre plainte les filles mais évacuons d'emblée une fausse piste. MINDHUNTER n'est pas une série DE tueurs en séries mais une série SUR les tueurs en série.
Ce n'est pas une traque d'un tueur machiavélique pourchassées par des agents quasi médium, fronçant les sourcils et comprenant les motivations sous-jacentes du tueur en revivant les meurtres dans une ambiance éthérée, sur sur sur filtrée, en bleu de préférence passque c'est plus joli... nan.
MINDHUNTER est une série sur la folie et un portrait en creux de l'Amérique Nixonienne.
On siffle la fin de la récré les filles ! La parenthèse enchantée a fermé les siennes. La Maison Blanche abrite un escroc alcoolique et minable. Et se multiplient des crimes sans mobiles apparents, ne répondant pas au qui quand quoi comment basique.
Un jeune agent, végétant et enseignant les techniques de négociations d'otages quand les jeunes recrues ne songent qu'à défourailler au stand de tir, a l'intuition géniale que ces tueurs insaisissables peuvent suivre des schémas récurrents, être classifiés, le profilage s'extrait de la soupe primordiale.
MINDHUNTER est le bébé de David Fincher.
Le génial réalisateur continue ainsi son exploration des abîmes humains, la sociopathie, le Mal grandiloquent et insaisissable. SEVEN of course les aminches mais surtout ZODIAC auquel MINDHUNTER fait irrésistiblement penser.
Si l'on est fan du Finch', on ne peut que savourer ses plans au cordeau, épurés et géométriques, ses scènes très dialoguées (la drague dans le bar au début du pilote à rapprocher de la discussion au tout début de THE SOCIAL NETWORK) etc.
Oui, MINDHUNTER est une série bavarde voire verbeuse.
David lâche la caméra au bout de deux épisodes (pour mieux la reprendre à la fin de la saison) et l'on voit immédiatement une déperdition (relative hein, sont pas des pingouins quand même) de mise en scène, heureusement compensée par le décollage de la série.
MINDHUNTER peut s'appuyer sur un cast solide, excellent même :
Le jeune chien fou, l'agent Holden Ford est interprété avec une frémissante nervosité et arrogance par Jonathan Groff. Son acolyte bougon et méfiant, l'agent Bill Tench est incarné avec beaucoup de métier par Holt McCallany.
Le plus de MINDHUNTER est l'excellence des rôles féminins qui ne sont pas réduits aux utilités. Anna Torv (ancienne de FRINGE) est impeccable dans son rôle de Docteur en psychologie, Wendy Carr, raide et enfermée dans sa tour d'ivoire théorique.
La jeune Debbie, petite amie de Holden, incarnée avec une justesse piquante par Hannah Gross, est d'une grande intelligence d'écriture et compense son temps de jeu moindre par des répliques fusantes et acérées.
Cette place accordée aux femmes (misère... Cette phase.... Quand on y songe...) est à mettre en miroir à la violence exercées sur elles par cette nouvelle classification de meurtriers. Elles sont les victimes quasi exclusives de ces psychopathes.
MINDHUNTER joue sur les poncifs du genre : quand la chercheuse Wendy Carr va laver son linger au sous sol de sa résidence et nourrir un chat errant, on s'attend tout le temps à son agression, en vain...
MINDHUNTER refuse la facilité, les quelques investigations parsemant la saison ne sont pas résolues comme par magie, c'est l'anti ESPRITS CRIMINELS absolu.
MINDHUNTER est palpitante dans son propos. On assiste fascinés à la naissance d'un mythe monstrueux, qui va infuser toute la pop culture, littérature policière, imaginaire collectif de ces dernières décades.
On contemple légèrement apeuré la dérive émotionnelle des agents Ford et Tench : on n’interviewe pas impunément des monstres sans empathies, coupables des pires atrocités, sans en payer le prix.
Et le sous texte de MINDHUNTER est passionnant. Toute cette valse hésitation autour de la production ou non d'une cassette enregistré d'un entretien avec un tueur en série est piquante quand on sait que Nixon au même moment se refuse à livrer les siennes, se contentant de fournir une transcription caviardée.
MINDHUNTER n'est pas totalement exempte de défauts, l'on sent un peu trop, parfois, une certaine application, la quête du mouvement de caméra, du plan parfait (sauf quand le Finch tient le manche)...
... mais on lui pardonne bien volontiers devant l'intelligence du script et la mise en scène brillante qui imprègnent la péloche de bout en bout.
En plus, quand on a cette chanson dans sa BO, illustration parfaite de la série :
Franchement...
C'est la rentrée. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle parce que c'est bien plus pratique, il faut en convenir. Puisque nous avons quitté les rives enchantées de l'enfance depuis quelque temps déjà, que nous n'angoissons plus devant ce tunnel scolaire qui s'ouvre devant nous, la rentrée s'apparente surtout à ce mot barbare : mercato.
Le jeu des chaises musicales, qui remplace qui sur la strapontin de l'access prime-time, cible privilégiées des pubards avides.
Ou bien rentrée littéraire ou comment optimiser l'espace au delà des lois de la physique pour empiler tous les romans, essais, récits etc. sur une table en formica blanc.
Ou encore les nouvelles séries qui déboulent dans la lucarne.
Ah ben voilà...
En 1977, à l'aube de la psychologie criminologique et du profilage criminel au sein du FBI, les agents Holden Ford et Bill Tench vont s'entretenir avec plusieurs tueurs en série.
Ensemble, et avec l'aide de la psychologue Wendy Carr, ils vont tenter de cerner la personnalité de nombreux meurtriers afin d'acquérir les connaissances nécessaires à la résolution d'affaires criminelles.
"'Tain, les serial killers, encore ??!!"
J'entends votre plainte les filles mais évacuons d'emblée une fausse piste. MINDHUNTER n'est pas une série DE tueurs en séries mais une série SUR les tueurs en série.
Ce n'est pas une traque d'un tueur machiavélique pourchassées par des agents quasi médium, fronçant les sourcils et comprenant les motivations sous-jacentes du tueur en revivant les meurtres dans une ambiance éthérée, sur sur sur filtrée, en bleu de préférence passque c'est plus joli... nan.
MINDHUNTER est une série sur la folie et un portrait en creux de l'Amérique Nixonienne.
On siffle la fin de la récré les filles ! La parenthèse enchantée a fermé les siennes. La Maison Blanche abrite un escroc alcoolique et minable. Et se multiplient des crimes sans mobiles apparents, ne répondant pas au qui quand quoi comment basique.
Un jeune agent, végétant et enseignant les techniques de négociations d'otages quand les jeunes recrues ne songent qu'à défourailler au stand de tir, a l'intuition géniale que ces tueurs insaisissables peuvent suivre des schémas récurrents, être classifiés, le profilage s'extrait de la soupe primordiale.
MINDHUNTER est le bébé de David Fincher.
Le génial réalisateur continue ainsi son exploration des abîmes humains, la sociopathie, le Mal grandiloquent et insaisissable. SEVEN of course les aminches mais surtout ZODIAC auquel MINDHUNTER fait irrésistiblement penser.
Si l'on est fan du Finch', on ne peut que savourer ses plans au cordeau, épurés et géométriques, ses scènes très dialoguées (la drague dans le bar au début du pilote à rapprocher de la discussion au tout début de THE SOCIAL NETWORK) etc.
Oui, MINDHUNTER est une série bavarde voire verbeuse.
David lâche la caméra au bout de deux épisodes (pour mieux la reprendre à la fin de la saison) et l'on voit immédiatement une déperdition (relative hein, sont pas des pingouins quand même) de mise en scène, heureusement compensée par le décollage de la série.
MINDHUNTER peut s'appuyer sur un cast solide, excellent même :
Le jeune chien fou, l'agent Holden Ford est interprété avec une frémissante nervosité et arrogance par Jonathan Groff. Son acolyte bougon et méfiant, l'agent Bill Tench est incarné avec beaucoup de métier par Holt McCallany.
Le plus de MINDHUNTER est l'excellence des rôles féminins qui ne sont pas réduits aux utilités. Anna Torv (ancienne de FRINGE) est impeccable dans son rôle de Docteur en psychologie, Wendy Carr, raide et enfermée dans sa tour d'ivoire théorique.
La jeune Debbie, petite amie de Holden, incarnée avec une justesse piquante par Hannah Gross, est d'une grande intelligence d'écriture et compense son temps de jeu moindre par des répliques fusantes et acérées.
Cette place accordée aux femmes (misère... Cette phase.... Quand on y songe...) est à mettre en miroir à la violence exercées sur elles par cette nouvelle classification de meurtriers. Elles sont les victimes quasi exclusives de ces psychopathes.
MINDHUNTER joue sur les poncifs du genre : quand la chercheuse Wendy Carr va laver son linger au sous sol de sa résidence et nourrir un chat errant, on s'attend tout le temps à son agression, en vain...
MINDHUNTER refuse la facilité, les quelques investigations parsemant la saison ne sont pas résolues comme par magie, c'est l'anti ESPRITS CRIMINELS absolu.
MINDHUNTER est palpitante dans son propos. On assiste fascinés à la naissance d'un mythe monstrueux, qui va infuser toute la pop culture, littérature policière, imaginaire collectif de ces dernières décades.
On contemple légèrement apeuré la dérive émotionnelle des agents Ford et Tench : on n’interviewe pas impunément des monstres sans empathies, coupables des pires atrocités, sans en payer le prix.
Et le sous texte de MINDHUNTER est passionnant. Toute cette valse hésitation autour de la production ou non d'une cassette enregistré d'un entretien avec un tueur en série est piquante quand on sait que Nixon au même moment se refuse à livrer les siennes, se contentant de fournir une transcription caviardée.
MINDHUNTER n'est pas totalement exempte de défauts, l'on sent un peu trop, parfois, une certaine application, la quête du mouvement de caméra, du plan parfait (sauf quand le Finch tient le manche)...
... mais on lui pardonne bien volontiers devant l'intelligence du script et la mise en scène brillante qui imprègnent la péloche de bout en bout.
En plus, quand on a cette chanson dans sa BO, illustration parfaite de la série :
Franchement...
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