jeudi 8 décembre 2016

Ce qui est bien avec cette série papale, c'est que l'on n'a pas besoin de se booster les méninges pour dénicher un titre de post. Un brin de latin liturgique et croulez vieillesse ! 

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Ave les aminches.

Avant de revenir avec vous sur la déflagration WESTWORLD (je dois tout d'abord m'en remettre), laissez moi remettre le missel à l'envers pour une série qui nous la met à l'adroit.


Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de l’entame de cette coproduction italo-americano-française, vue sur Canal sous nos latitudes. 

L'élection d'un jeune pape séduisant en diable, aussi moderne qu'un Fillon en robe de bure et roue libre, continue de provoquer des secousses telluriques dans le petit monde des marbres antiques de Saint Pierre de Rome.

Ce jeune pape est la caricature même du réactionnaire moisi, amalgamant dans un même mouvement nauséeux homosexualité et pédophilie, avortement et tuerie de masse ; ce Pie XIII a tout l'air et la chanson du bon gros tas de merde rétrograde. 

Une sorte de pape ultime, la logique de l’infaillibilité papale poussée au bout du bout du bout... Un cauchemar ambulant sa tiare. Et jeune 'tain ! On ne peut se permettre d'attendre qu'il calanche ! Où l'Eglise ressemblera à un champs de ruine, une réunion Scrabble de cacochymes tremblotant et bavotant sur leurs déambulateurs chromés.


C'est bien ce que pense le cardinal secrétaire d'état Voieillo (admirablement campé par un Silvio Orlando matois et désemparé). N°2 de la curie romaine, rouage impitoyable et incontournable de l'institution bimillénaire, il assiste effaré à l'entreprise de démolition systémique d'un plan média bien huilé.

En effet, Sa Sainteté Pie The Thirteen  a son propre plan : miser sur le Mystère. Ne pas se montrer, pratiquer la politique de la chaire vide pour attiser les curiosité et écarter les âmes tièdes pour ne conserver que les vraies de vraies, les couillues, à l'ouverture d'esprit aussi ouverte qu'un fasciste dans le coma.

Si nous en étions resté là. A contempler ce pape rock'n'roll dans la forme et moyenâgeux sur le fond, on aurait pris un vrai plaisir, kiffé la mise en scène soyeuse et précise, parfaitement illustrée par une bande son aux pitits rognons.


Mais Paolo Sorentino, créateur de la série, a eu l'intelligence de nous proposer plus, de peaufiner son personnage et de nous dégainer que tout homme est une île peut-être mais rien n'empêche d'en fouler le sable. 

Aucun homme n'est jamais complètement seul, fut-ce le pape...


Que ce soit Sœur Mary, interprétée toute en fermeté doctrinale tout d'abord puis en douceur lumineuse par la suite par Diane Keaton, mère de substitution qui soutiendra son jeune protégé dans ses égarements les plus droitiers avant de le combattre.


Ou bien encore Monsignore Guttierez, campé par un Javier camara empathique et touchant, seul vrai ami de Pape qui le prendra de front en assumant son homosexualité, faisant fléchir Pie XIII...

Pie XIII doute, remet en question ses dogmes ténébreux et jusqu’au boutiste. Cette façon qu'a THE YOUNG POPE d'aborder frontalement les problèmes abyssaux de l'Eglise, ses failles et ses béances, n'est pas pour rien dans notre enthousiasme.

Pie XIII vacille, se rend compte que le Dieu vengeur, glaive effilé et colère cosmologique n'est qu'une facette de la pierre. 

Dieu est Amour itou. Paraît-il. Faut croire...

L’émergence de ce pape orphelin (qui ne s'est jamais remis de cet abandon) à la bonté élémentaire, à plus de bienveillance, de tolérance, a quelque chose de bouleversant. 

Finement incarné par un Jude Law au sommet, ce YOUNG POPE est une divine surprise. 


Je n'en attendais pas tant. 

Gratias maximas !

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