jeudi 28 juillet 2016


Dix petits nègres s'en furent dîner,
L'un d'eux but à s'en étrangler,
N'en resta plus que neuf.

Neuf petits nègres se couchèrent à minuit,
L'un d'eux à jamais s'endormit
N'en resta plus que huit.

*** 

Bien le bonjour les aminches...
Je ne sais si ce sont les températures en hausse, la luminosité, mais le même phénomène se produit à l'heure estivale concernant votre bloggeur. Je mets mes paupières en pause... En ce qui concerne les séries. En contrepartoche, je me goinfre de lectures, de gros pavés goulus ou de courts livres réjouissants... Ou pas. 

Ce qui fait que j'accumule un retard mammoutatal que je vais m’échiner à combler en longue soirées binge watchinesque quand la flamme reviendra.

Mais chaque exception souffre sa règle et quelques séries bénéficient d'une Wild Card. Outre la toujours intrigante MR ROBOT (j'y reviendrai), je voudrais vous narrer : 

Été 1939. Huit personnes sont invitées sous de faux prétextes à séjourner sur l’île de Soldier Island. 

Ils ne se sont jamais rencontrés et leurs hôtes, Monsieur et Madame U. N. Owen sont inexplicablement absents. 

Accueillis dans l’imposante demeure, seule habitation de l’île, par deux employés de maison, ils réalisent très vite qu’un tueur les élimine un par un.

Les filles, si vous devez faire une exception et vous mater une série en pleine torpeur moite, le mieux est d'assurer le coup et piocher une série anglaise !

Une énième version des DIX PETITS NÈGRES  de mamie Agatha ? 

Que nenni les aminches. 

LA version de DIX PETITS NÈGRES.

Déjà cette relecture d'un patrimoine anglais, au même titre que les Beatles, le chapeau melon et la conduite à gauche, a le mérite de nous remémorer l'oeuvre de Christie. Un acmé de perversité comme on ne s'en souvenait plus. C'est parce que tout le monde est si poli chez Agatha, qu'on n’aperçoit pas tout de suite l'invraisemblable noirceur de l'oeuvre de M'ame Christie. Et celle ci  en particulier : amorale et cynique, sans inspecteur pour enquêter, sans redresseurs de torts...

Cette vision proposée par la BBC est magistrale. Déjà, c'est la première version de langue anglaise à conserver la fin d'origine ! J'avais déjà vu une vieillerie (avec Oliver Reed) avec dénouement moisi et happy end forcé à vous filer des envie de Brexit.

La grosse force de cette nouvelle adaptation est son casting. Aperçus, appréciés dans de nombreuses séries, le cast est tout simplement magnifique. 10 acteurs au top pour magnifier le texte de Christie. 

Citons juste : 

Charles Dance toujours aussi suave.


Le bel Aidan Turner qui pourrait lui aussi se glisser impeccablement dans les costumes cintrés bondien.


Toby Stephens, échappé de BLACKSAILS, dans un rôle à des miles du Capitaine Smith, hystérique et grimaçant. 


Et la belle Maeve Demody dans le rôle clé de Vera Claythorne, rongée par la culpabilité et masquant un masque derrière le masque derrière lesquels elle se dissimule. 

Je me contenterai de ces quatre là, dans un élan de suggestivité complètement assumée car l'ensemble de la troupe tient la note sans jamais faiblir.

On pouvait certes craindre deux écueils, les filles. Un académisme pesant : Shakespeare parade et tea time dans tous les coins ou bien une relecture post moderne speed avec effet de caméras stroboscopiques sur fond de pop hardcore. 

Thanks gogod, il n'en est rien. Le cadre somptueux de cette île battue par les vents se prête admirablement à une mise en scène maîtrisée et précise. Et, comme si AND THEN THERE WERE NONE n’était pas déjà réussie en tous points, elle se dote en plus d’un générique élégant et stylisé qui prend tout son sens après le visionnage du premier épisode. Ces statuettes de jade, au nombre de dix, représentant les petits soldats décrits dans la chanson, se brisant comme les psychés des personnages, qui finiront, elles aussi, en miettes.


Je crois, pour ma part, que la plus grande part dans la  réussite de cette adaptation revient à la scénariste, Sarah Phelps. Tout en restant fidèle à l’auteur, Phelps accentue subtilement la profonde noirceur de l’œuvre. Des personnages moins policés et plus enclins à sombrer dans la folie, des dialogues légèrement plus crus, une délicate nuance de surnaturel et quelques centilitres d’hémoglobines en sus permettent de brosser le fascinant portrait d’un monde en vase clos sur le point de disparaître, prisonnier des fantômes du passé, à quelques semaines seulement du début de la Seconde Guerre mondiale.

Quand quelques privilégiés ne voient pas leur monde vaciller sur ses propres fondations...


Mais qui pouvait bien avoir envie de venir se les geler sur une île coupée du monde, à faire passer le Connemara pour une contrée caribéenne ? Quel est le ressort intime qui poussaient ces cadavres en devenir à débarquer sur les plages de Soldier Island ?

L'orgueil.

Je vous le dis, les filles...

... L'orgueil, c'est très surestimé.

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