jeudi 16 juin 2016


"J’éteins la radio, prépare du café, enfile un col roulé noir, un jean et des Doc, puis je sors. J’inspecte le dessous de ma voiture, ne découvre pas de bombe à interrupteur au mercure. À ce moment précis, sept mille hommes et femme du Royal Ulster Constabulary procèdent tous à la même vérification. Un ou deux vont trouver une bombe, appeler la brigade de déminage et, après avoir fait dans leur froc, se féliciteront de s’être astreints à leur routine matinale."

***

Bien le bonjour les aminches.

LE FLIC

Figure tutélaire du polar. Noir de préférence. Serré et sans sucre. 

Si possible, alcoolique, dépressif et qui a une vision du monde s'apparentant à la psyché d'un Droopy neurasthénique et suicidaire...

Si vous appréciez la littérature policière, vous trouverez forcément ce portrait (certes un peu grossier) familier. 

L'inspecteur Chef Duffy, héros de l'excellent roman de Adrian McKinty, n'est pas fait de ce bois. 

Deuxième volet d’une trilogie, DANS LA RUE, J'ENTENDS LES SIRÈNES met en scène le policier catholique Sean Duffy au début des années 1980. 

Ce polar reprend le cours de l’histoire de son héros attachant quelques mois après les événements contés dans UNE TERRE SI FROIDE.


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La guerre des Malouines commence, les tensions sont toujours aussi fortes en Ulster et Duffy doit enquêter sur un torse découvert dans une valise. Bien entendu, en Irlande du Nord, les soupçons se portent vite sur l’IRA ou les Loyalistes. 

Sean Duffy, toujours aussi borné, va soulever des pierres dont beaucoup de monde voudrait qu’elles ne bougent pas. 

De la campagne irlandaise à la banlieue de Boston en passant l’usine DeLorean de Belfast, Duffy n’a pas fini de donner de l’urticaire à ceux qui voudraient étouffer l’affaire, ni de s’attirer des ennuis.

Sean Duffy, narquois et courageux, d'une lucidité rafraîchissante et capable d'une saine autodérision, n'est pas un homme torturé et sombre. L'est plutôt à l'aise dans ses Pintes. Beau gosse, il vit sans vie sans en faire des caisses.

En fait McKinty déplace le curseur. Le personnage déchiré, torturé et dépressif, c'est l'Irlande du Nord. Un pays divisé, d'une tristesse poisseuse, partagé entre fanatiques de tous treillis, le tout arrosé d'un solide alcoolisme. 

Sean Duffy est impitoyable envers l'Ulster des années 1980. Le petit muret trop mignon est recouvert d'un flot de vomi. Le papy sympa, avec la casquette de tweed qui va bien, révèle souvent un raciste étriqué, vouant l'adversaire (et voisin) aux sept cercles de l'enfer et plus si affinités.

Point de style larmoyant chez McKinty mais un ton enlevé et un humour souvent noir cher aux Irlandais. Et l'a beau déboîter consciencieusement son pays, Duffy, il y revient toujours et ne le lâche pas. L'exil n'est pas fait pour lui. 

Et pourtant il n'est pas simple (roh la litote de la mort) d'être un flic catholique travaillant pour une police protestante, spadassins honnis de L'Angleterre colonialiste (de fait).

"Il m'adresse un clin d’œil, un signe de tête et repart dans l'allée. Arrivé au portail, il se retourne.
- Tu feras gaffe à toi, maintenant, Duffy, d'accord ?
Difficile de déterminer si c'est une menace, une mise en garde, ou rien du tout.
- Je vais essayer.
- Je t'aime bien, Duffy. On te tuera en dernier.
- Super."

L'Irlande du Nord sert donc de trame de fond (et bien plus) à une histoire haletante, convoquant la vraie, avec l'usine De Lorean. 

Souvenez vous les filles, Doc et Mac Fly, paradoxant le temporel à toute blinde : 


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La DeLorean, construite à Belfast, et dont le Sir DeLorean est plutôt trouble...

Bien charpenté DANS LA RUE, J'ENTENDS LES SIRÈNES est un livre haletant, drôle et bien plus profond qu'il n'y paraît. 

Intense et sec. Comme un foutu dunk en NBA. 



Duffy Dunk.

...

...

...

Pardon...

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