Aujourd'hui nous parlerons du Mal. Du vrai. Du velu. Pas celui qu'on emballe sous un chatoyant "coté obscur". Non plus le ricanant boursouflé du masque en latex d'un démon folklorique.
Non. Mais le Mal ordinaire. Celui qui se niche en nous et qui ne demande qu'à sortir et nous submerger.
Mais le Mal extraordinaire, celui qui nous dépasse et nous laisse sidérés avant de nous laisser morts.
Qu’est-ce qui unit tous ces personnages ? Quel secret inavoué les lie ? Quelle menace, inscrite dans le titre même du livre, se devine entre les lignes de leurs destins, susceptible d’en influer le cours ?
L'auteur, Jérémy Fel, dont c'est le premier roman, écrivait jusqu'à présent des scénarios de séries télé. Ça se sent. Son roman est découpé en chapitres intenses. Chaque chapitre se focalise sur un personnage et le tempo, la tension sourde et le style renvoient à un style très cinématographique, très incarné, très visuel. Chaque héros se débattant dans les pages de son enfer chapitre personnel se trouve liés aux autres, illustrant par la noirceur le fameux théorème des "six degrés de séparation".
Jérémy déploie une fresque du Mal indicible. De la genèse diabolique, cet incendie primordial à la propagation des flammes dévorant les protagonistes page après pages. Par un style précis, voire clinique, sans affect mais qui distille un climax angoissant (et qui parfois fout carrément les jetons), Jérémy donne un livre noir, très noir. On sent vite que le happy end c'est moyennement son truc à Jérém'. Les lapinous se trémoussent en sifflotant "viens faire le bisou, hou, hou" sur une musique de Henri Dès ? Et bien les lapinous se font exploser au fusil à pompes oui !
Tout n'est pas non plus totalement d'une sombre horreur. Quelques personnages sont lumineux. Ils côtoient de parfaits salopards voire des sociopathes assumés. Si l'on refait le match un divino-pack Gandhi / Luther King / Mandela face à la death team Pol Pot / Staline / Cersei Lannister ; je crains que le score final ne reflète les pires prévisions.
Néanmoins et cependant, Jérémy Fel nous montre que si le pire n'est jamais décevant (par principe) il n'est pas non plus irrémédiable.
LES LOUPS A LEUR PORTE vous prends à la gorge, vous happe et ne vous lâche plus. Si parfois, certains passages sont limites soutenables, d'autres sont saisissants et d'autres encore tendres et poignants.
Impressionnant de maîtrise, il se boulotte ce livre, à grands claquements de mâchoires et nous laisse sur un dénouement ouvert (mais non frustrant), un entre deux, une pièce de monnaie sur sa tranche, qui vacille et n'a pas encore choisi son camp.
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