aujourd'hui je voudrais débuter ce nouveau post en évoquant nos phrases intimes, nos mantras rien qu'à nous. Ceux que l'on se récite secrètement afin de nous motiver, nous rassurer, nous donner du cœur.
Enfin moi cela m'arrive. Comme je suis un incorrigible geek nourri aux séries, je me répète quelquefois mentalement ou dans un murmure ces quelques mots. Cette réplique que fait Charlie Crews (le héros de LIFE, à la toute fin de la série) à son pote quand ce dernier lui demande ce dont il a besoin.
"La paix de l'esprit et un gros flingue".
Quand je suis stressé, inquiet, il m'arrive de marmonner inintelligiblement :
"La paix de l'esprit et un gros flingue".
Une autre phrase que je trouve admirable : "Je suis un homme et considère que rien de ce qui est humain ne m'est étranger"
-Citation de Terence. Non pas l'acolyte de Bud Spencer dans des films élevant le comique troupier à un point d'incandescence proprement solaire mais le poète satirique romain antique-
Les prévention par exemple. très humain ça dans le sens de préjugé. J'ai quant à moi, une opinion préconçue défavorable envers ce phénomène récurrent : la rentrée littéraire.
Tous les ans à la même période, le même tombereau de livres (700 à la louche) envahissant les étals avec les mêmes têtes. Un œil sur le Goncourt ou les autres prix à contrario si l'on se fait éjecter de la liste des élus.
Je ne goûte point trop cet embouteillage livresque, ce sempiternel défilé des Nothomb aux 200 pages bien aérées, des Beigbeider nonchalants et j'en passe... J'associe aussi la rentrée littéraire à son carnaval de gémissements promotionnels, de postures convenues ; la triste rançon de l'autofiction.
Si je prends du recul, je sais que c'est un préjugé et un beau. Il y a de très beaux romans en cette rentrée et cet avis tranché est complètement con. Je ferai bien de me montrer un peu plus tiède. J'y reviendrai, au bénéfice de la tiédeur.
Bref ça m'emmerde cette auto célébration du génie français (ben oui passque bouclé dans mon préjugé, je ne conchie que la rentrée littéraire française), l’ego en bandoulière.
Mais cette diatribe montre vite sa limite. Que faire en effet face à
Le voilà le pavé de 600 pages dont tout le monde parle. La plupart du temps en bien. Le summum de l'auto fiction. Le zénith de la rentrée littéraire.
J'ai pour moi la cohérence. Je lis Carrère depuis longtemps. J'adore ce qu'il fait. Et je trouve qu'il a vraiment pris toute son ampleur depuis qu'il arrêté les ouvrages de pure fiction (le dernier remonte à 1995 et LA CLASSE DE NEIGE). Depuis L'ADVERSAIRE, Emmanuel Carrère parle de lui. Parfois irritant, rarement complaisant (avant le ROYAUME j'aurais écrit jamais complaisant) en tout cas toujours passionnant.
Dans LE ROYAUME il parle donc lui et de sa conversion à la foi chrétienne. Il est tombé en Jésus Christ ou JC lui est tombé dessus peu importe. Emmanuel Carrère ne fait pas les choses à moitié. Il devient furieusement catho, pas fanatique, mais ultra impliqué. Il va à la messe plusieurs fois par jour. Il remplit plusieurs dizaine de cahier sur l’évangile de Saint Jean etc.
Puis il perd la foi.
C'est là un chemin peu arpenté. On ne compte plus les rédemption par le christ, la foi m'a sauvé etc. Le dernier en date tiens, celui d'un styliste fortement alcoolisé tenant des propos antisémites. pourquoi pas ? Mais on ne peut (je ne peux) s’empêcher de penser à un plan marketing bien huilé et hautement fonctionnel. La conversion de Johnny Cash ayant ainsi vaincu ses multiples addiction et son mal être me convainc plus. Mais j'aime beaucoup Johnny Cash.
Manu lui nous parle de la trajectoire inverse, il perd la foi et regarde avec un effarement navré l'homme qu'il était. L'avait il réellement ou n'était elle qu'une béquille spirituelle pour l'aider à lutter contre la dépression qui l'engluait. Il ne sait pas. Mais il était convaincu d'être un véritable chrétien. Il croyait vraiment que l’eucharistie était réelle. Que c'est littéralement le corps du Christ qu'il ingérait à la messe. Non pas un symbole mais une vérité avérée.
Ce sont là deux pierres angulaires de son oeuvre : "je ne sais pas" qui reviendra souvent et l'eucharistie qui nous vaut l'insertion d'un texte savoureux de Philip K Dick en sa période mystique cintré.
La perte de la foi va amener Carrère à se poser cette question : comment un activiste juif, un révolutionnaire à la pensée radicale a t-il pu engendré une religion aussi omnipotente ?
Comment ? Grâce ou à cause de Saint Paul pardi.
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