Un mâle, franchement velu, courbé et tenant à la main un fémur blanchi d'une créature quelconque, arpente la savane.
Appelons cet homme de Neandertal Andy. Les sens éveillés, les yeux aux aguets : la prééminence de l'homme dans l'échelle alimentaire n'est pas encore tout à fait assuré.
Soudain Andy aperçoit une vague connaissance, un cousin éloigné. En ces temps reculés le cousinage est bien plus, disons, admis.
Appelons ce lointain cousin Bernard.
Juste à côté de Bernard, se tient un individu, qu'immédiatement Andy ne peut pas piffer. Peut-être est-ce sa station debout légèrement moins cambrée, sa façon de tenir le fémur, plus affirmée... Instinctivement, Andy pressent que le nouveau venu va chier dans le ventilo et annonce des temps difficiles.
Cro Magnon est dans la place. Enfin... Dans la savane.
***
Et si, vautrés sur nos canap', enfournant des chips, nous reposant sans vergogne sur notre place de prédateur ultime, nous ne voyons pas nos Cro Magnon nous jauger, tapis dans les hautes herbes, la main sur un fémur...
Ahem...
'Tin Clafoutine, t'as mis le zag dans mes fiches ou bien !
Bon...
Reprenons...
Dans le Wyoming, une petite fille perçoit en un clin d’œil les secrets les plus sombres de tout un chacun.
À New York, un homme décrypte les fluctuations des marchés financiers et engrange 300 milliards de profit en une semaine. À Chicago, une femme maîtrise le don d’invisibilité en sachant d’instinct se placer là où personne ne regarde.
On les appelle les «Brillants», et depuis les années 1980 1 % de la population naît avec ces capacités aussi exceptionnelles qu’inexplicables.
Nick Cooper est l’un d’eux : agent fédéral, il a un don hors du commun pour traquer les terroristes. Sa nouvelle cible est l’homme le plus dangereux d’Amérique, un Brillant qui fait couler le sang et tente de provoquer une guerre civile entre surdoués et normaux.
Mais pour l’arrêter, Cooper va devoir remettre en cause tout ce en quoi il croit, quitte à trahir les siens.
La Noire de Gallimard entreprend depuis quelque temps une saine refonte qui n'est pas que graphique. Elle s'ouvre aussi à des horizons plus lointains que ceux du polar noir et sans concession, sans perdre de vue son identité première, du polardeux.
Intense si possible.
Et pour ce premier tome d'une trilogie, le pari est tenu. L'intensité y est, tension maintenue par une écriture nerveuse et rythmée, très syncopée et quasi cinématographique. Attendons nous à voir débouler prochainement LES BRILLANTS sur grand écran.
Alors oui, LES BRILLANTS, sont bien sûr portés par ce tsunami de Super Slips, jouant à saute buildings.
Mais des Super Slips version Boxers passe partout et non le sloub bling bling fourré en Vibranium et doré à la paillette.
Tout d'abord les pouvoirs, ou capacités spéciales, des Brillants ne sont pas extravagants et restent dans des limites humainement envisageables. Les Brillants ne sont pas invincibles. Ils possèdent juste un don, qui les avantagent certes mais les désignent aussi. Les marquent.
Ces Brillants n'étaient qu'une poignée dans les années 80. AUx origines indéfinies.
"C'est l'année où le Dr Eugene Bryce avait publié une étude dans la revue scientifique Nature, dans laquelle il identifiait spécifiquement les Brillants, dont les plus âgés avaient alors six ans. A ce stade, ils constituaient une curiosité, un phénomène étrange que les gens s'attendaient à voir lié aux pesticides, aux vaccins ou à la dégradation de la couche d'ozone. Une anomalie passagère de l'évolution.
Vingt-sept années s'étaient écoulées depuis cette étude, et bien que des milliers d'autres aient été menées, on n'avait pas avancé le moins du monde dans la compréhension des causes de ce phénomène."
Mais la poignée grandit. On en est aux brassées. Et les humains normaux se méfient. Ils se sentent désavantagés, relégués...
Il convient de contrôler ces Brillants. Surtout les niveaux 1, ceux dont les talents sont les plus élevés, les plus dangereux.
C'est là que le bouquin de Marcus Sakey prend tout son intérêt. Plus adamantium des X-Men que Vibranium des Avengers... On découvre toute la basse politique d'un gouvernement aux abois.
Les Brillants ne sont-ils que le produit d'une évolution légèrement en avance ?
Andy l'avait surement mauvaise lui aussi. Les Neandertal ont ils eu le choix ?
Mais, à l'époque, on ne connaissait pas les joies des camps de rétention, des agences gouvernementales aux budgets indécents et la surveillance généralisée.
Autant de biais pour contourner Darwin...
D'autant que les origines des Brillants n'étant claires, on l'a peut-être aidé sur ce coup là.
Entre ceux qui veulent contenir Darwin et les autres qui veulent l’accélérer, John Smith qui mène une guérilla pour libérer ces frères Mutants Brillants, l'agent Nick Cooper n'a pas le temps de s'ennuyer.
Personnage attachant, patriote sans ce QI en berne et hypertrophie testiculaire affectant le plus souvent les amoureux du Drapeau. Cooper n'a pas abdiqué toutes pensée réflexive et s'interroge sur le sens de sa mission et sur ses divers aléas. Ce fameux concept des omelettes, des œufs, des dommages collatéraux et de la soldatesque en charge des affaires courantes.
"- L'homme qui brûle une sorcière le fait-il parce qu'il aime voir une personne en flammes ou parce qu'il croit combattre le démon ?
- Cela fait une différence ?
- Une différence énorme. Dans les deux cas, c'est un acte terrible. mais dans le premier, le bourreau s'amuse, et dans le second, il sauve le monde."
'Videmment, Nick découvrira vite que tout n'est pas aussi tranché qu'il lui semble et même si le rebondissement final ne nous saisit pas autant qu'il devrait, LES BRILLANTS est une lecture fun, haletante avec ce petit supplément d'âme qui le distingue du tout venant Best Seller d'action burné.
Le droit à la différence, la lutte pour les droits civiques, genre Martin Luther King adepte de free fight, holster chargé...
La savane est à tout le monde...
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