Voilà.
Noel est derrière nous. Il fut un 't!n de réveillon au balcon ! Pâques sera au fin fond du tison. Alors ? Popa fut-il généreux ? Fut-il à la hauteur ? Clairement oui.
Pour votre blogueur si le cadeau est rectangulaire, plus ou moins épais, le chemin est à moitié fait. Si le présent est amené à se caler dans une bibliothèque, l'intention y est déjà. Si en plus elle se double d'une éclatante réussite...
J'ai donc déchiqueté joyeusement le papier cadal, retombant en confetti sur le carrelage.
Du Lupano à gogo.
Will est un scénariste de BD, fameux et talentueux.
Récemment nominé à Angouleme. Il faut dire que pourvu du bon appareil génital, il partait déjà avec le siné qua non couillu nécessaire. Ce qui aide pour les prix. A Angouleme comme ailleurs.
[J'insère ici une parenthèse. La direction du festival a seriné comme défense, pour justifier sa liste de nominés exclusivement masculins, le poids de l'histoire. Une histoire du neuvième art quasiment unanimement dessinée par des hommes. Ce qui est faux. Et quand bien même. Le but d'un festival (digne) ne serait-il pas de faire bouger les cases, de la transcender l'histoire, de l'envoyer chier l'histoire, de la faire. Fin de la parenthèse.]
Là donc. Au milieu d'une mare de bouts de papiers colorés, je me ravissais, serrant mes trois volumes.
Pierrot, Mimile et Antoine, trois septuagénaires, amis d'enfance, ont bien compris que vieillir est le seul moyen connu de ne pas mourir. Quitte à traîner encore un peu ici-bas, ils sont bien déterminés à le faire avec style : un œil tourné vers un passé qui fout le camp, l'autre qui scrute un avenir de plus en plus incertain, un pied dans la tombe et la main sur le cœur.
Des papys guerroyant, n'abdiquant pas face à la connerie du monde. La petite fille de l'un d'eux leur servant de boussole, n'étant pas eux même exempts de la bêtise la plus bêtasse.
Une BD haute en couleur, débordante de trouvailles telle le collectif "ni yeux ni maître" où des cacochymes et autres vieillards font des happening militants. Difficile d'envoyer la troupe contre des (faux) grabataires, en fauteuil roulant, déambulateur et aveugles pour certains.
Mine de rien cette BD nous interroge. Que sont devenus nos idéaux, nos indignations ? Lupano se garde bien d'idéaliser les pré soixante-huitards et de se défausser en accablant une jeune génération indifférente.
Lupano (et son génial dessinateur Paul Cauuet) s'attache surtout à montrer trois amis de toujours. Râleurs, hâbleurs, d'une touchante mauvaise foi parfois. Avec un très beau personnage féminin Sophie, jeune maman célibataire, combative, vive et intègre.
Alors oui pas de super slip, ni de crimes odieux, garanti sans climax poisseux. Et ça fait du bien, 't!n !
Une BD lumineuse, attachante, drôle et poignante.
Mais je n'étais pas rassasié.
Je suis allé fureter sous d'autres conifères.
Et je me suis émerveillé.
Chaque matin, le pêcheur emprunte sa petite embarcation et s'en va travailler en mer. Mais ce matin, c'est lui qui est pêché.
Emporté par un chalutier industriel, son canot traverse l'Atlantique. Sur la grève, sa femme attend. Déjà les commères prédisent la mort du pêcheur, mais la vieille sorcière qui lit dans les crêpes l'a vu à Cuba.
Convaincue que son homme est toujours vivant, la bigoudène se lance seule dans une mission de sauvetage improbable.
UNE PURE MERVEILLE !
Un sommet de poésie, un bijou de drôlerie et d'émotion. Cet album, entièrement dénué de dialogue et de texte, nous conte un naufrage, une lutte, un espoir et un amour.
Lupano délivre là une histoire universelle, magnifiée par la fusain clair obscur de Panaccione.
L'absence de dialogues ne crée pas un manque mais ajoute au contraire un supplément d'âme, de vie, d'ingéniosité.
Excellent taf pour une grande, vraiment grande, BD.
Comme quoi pas besoin d'une cape et d'un collant pour être un héros. S'accrocher, ne pas renoncer et s'efforcer d'être quelqu'un de bien, ça suffit en fait.
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