vendredi 22 janvier 2016


" - Installez vous M. Mac, mettez vous bien à l'aise. Un café ? Chocolat ? Thé ? Infusions ?
- Heu non rien merc...
- Soupe ? Grog ? Bouillon ? Nouilles chinoises. Rien ? Bon...

Le type se rencogne dans son fauteuil dont le prix reflète une indécence bien assumée. Il me regarde d'un air gourmand, savourant mon air désemparé.

- Bon M. Mac, on ne va pas se mentir...

Pourquoi ais-je l'impression que l'on va faire exactement l'inverse ?

-... la conjoncture est propice aux risque. Nous sommes dans une société de gagnants M. Mac. Nous n'avons que faire des incertains,  des hésitant, des gros losers de merde !

Je jette un oeil sur mon tour de taille et renifle mes aisselles. Je suis pris d'un doute...

- Votre argent ne peut se contenter de dormir M. Mac. Si vous me le confiez, votre pécule atteindra des sommets ! Je vous assure un rendement de 32 % sur taux à découvert du floux dans le biniou sur les positions dissymétriques du consortium de mord moi le gnou tu m'f'ras plaisir. 

J'ai su dernièrement que la haute finance avait embauché des ingénieurs en fusées  pour établir ses modèles mathématiques. Je me fais l'effet d'une amibe tentant de saisir le mode de fonctionnement d' Arianne 5.

- Tenez M. Mac, vous trouverez tout expliqué dans ce document. 

Et là, il me tend un papier dont je sais déjà que j'y entraverai que pouic ! J'ai plus de chance de comprendre l'article  "Über formal unentscheidbare Sätze der Principia Mathematica und verwandter Systeme" de Kurt Godel et son théorème d'incomplétude que ce polycopié d'une page. 

Le type me fixe encore. Voit-il ma future carcasse séchant au soleil ? Il sera surement au soleil lui aussi. Mais pas le même."

Coucou les filles. 
Bon. 

je n'entrave rien à la finance. Bon vous m'direz, jusque là, rien d'alarmant. Non le plus inquiétant, et là je me tâte encore, c'est de savoir si les élites financières comprennent, font semblant ou savent très bien ce qu'elles font...


Dans le monde de la haute finance à New York, le procureur Chuck Rhoades et l'ambitieux gestionnaire de hedge funds Bobby Axelrod s’affrontent en utilisant chacun leur considérable pouvoir d’influence pour détruire l’autre.

Cette série, qui s'appuie sur un travail rigoureux d'un journaliste financier et portée par deux acteurs de renom, était particulièrement attendue. 

Après le coup de fouet de papy Scorcese et son jouissif et ambigu LOUP DE WALL STREET, on allait voir tudieu... 

Bon...

Autant vous le dire d'emblée BILLIONS est une semi déception. Là où on attendait un mix heureux entre LE LOUP DE WALL STREET et le film (excellent et désespérant) MARGIN CALL...


... On se retrouve plutôt devant un Soap , pas très subtil. 

Par tronque, le casting assure et les rôles sont taillés sur mesure pour deux acteurs qui connaissent leur partition au poil.


Paul Giamatti (à gauche) semble né pour incarner ce procureur qui veut se payer la Star de Wall Street. Ce chevalier blanc adepte du SM tendance soumission (premier cliché d'une longue série), encombré par un père ancien procureur lui même et gêné par sa femme qui bosse pour ce financier qu'il veut se farcir. Il est très bon Paulo, il cabotine un brin peut-être mais moins que son partenaire de jeu.

Damian Lewis, de retour sur Showtime Après le sergent Brody voilà Bobby Axelrod, star des fonds d'investissement, qui a survécu au 11 septembre alors que tous ses collègues y sont resté. Une vrai rock star, qui a su resté populaire, au sein d'une finance de requins blanc honnis. Il faut dire que l'est tellement coooool, la preuve il porte un tee-shirt Metallica (et hop cliché). 

Lewis fait des étincelles dans ce rôle saumâtre. Il joue à merveille de sa moue et son élégance naturelle (il portera surement très bien les costards sur mesure Bondien si...) pour restituer ce mec brillant, blindé, équivoque ; plutôt un sale type mais que l'on n'arrive pas à détester tout à fait, pour l'instant.

A vrai dire, ce cast semble parfois un peu trop parfait, un peu trop convenu. 

BILLION ne démérite pas complètement, et si l'on occulte les répliques techniques sur les stratégies complexes pour se dorer les parties, on passe un bon moment. 

Seulement, ce n'est pas la grande série que l'on escomptait. 

Et quelques scènes sont inutilement soulignés. Ok le toutou de Bobby s'est fait couper les baballs et l'est tout raplaplouf. Symbolique lourdaude pour montrer que le financier a gardé sa poutre apparente et tient à ce que cela se sache. 

Oui le proc' est un homme de pouvoir mais il aime se faire savater à coup de talons aiguilles : ambivalence du mec qui contrôle en permanence et qui veut pouvoir relâcher la pur...heu la vapeur. 

Et quel besoin que sa femme au proc' soit la psy de la boite de Axelrod et une super copine du financier en tong.

Ça fait beaucoup. 

Rien ne me dit que BILLIONS restera dans ma playlist 2016 mais je la garde. Pour les acteurs. En attendant un rebond. Ou un krach.



Mais, au moins, cette série a un mérite. 

Je crois que je vais garder mon livret A.

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