lundi 12 mai 2014

Coucou les aminches. L'autre jour, je devisais gaiement avec mes stagiaires dévoués et l'un me demandait, l'air grave : 

"Comment faîtes-vous ô votre Bloguerie pour choisir si pertinemment vos lectures ? Comment faîtes vous ô seigneur de toutes choses ? COMMENT ?

On se calme jeune Nutello, bon... J'ai (encore) un aveu à faire : je ne suis pas si omniscient dans mes choix, il m'arrive de me planter. Le 4° de couverture si alléchant, un compagnonnage fidèle avec l'auteur, se révèlent parfois trompeur, mais j'ai un secret... Je n'insiste jamais. 

Je ne me suis jamais forcé à finir un livre depuis mes années de lycée. Au bout de 10, 20 ou 100 pages, je sens un léger ennui poindre, hop, dans la bibli, au fond, derrière les autres. 

Mais, mais... Certains livres échappent à cette règle d'airain. Une psychologie sommaire, des personnages taillés grossièrement dans du balsa, un style ampoulé ou télégraphique, un problème de rythme comme une partie de pingpong entre deux arthritiques jamaïcains ? Certes...

... Mais je veux savoir comment ça finit merdum ! 

Alors je m'accroche. Parfois ça vaut le coup, le dernier que j'ai lu dans le genre est UN AVION SANS ELLES de Michel Bussi, pas très bien écrit mais point trop mal non plus. Un dénouement que l'on voit venir certes mais qui réserve quand même son lots de surprises. 

Par tronque il arrive que... 


Un matin de janvier, Andreas Saint Loup, apothicaire de grand talent, découvre dans sa boutique une pièce qu'il avait oubliée... Il comprend alors que jadis vivait ici une personne qui a soudainement disparu de toutes les mémoires. 

L'Apothicaire, poursuivi par d'obscurs ennemis, accusé d'hérésie par le roi Philippe le Bel et l'Inquisiteur de France, décide de partir à la recherche de son propre passé, de Paris à Compostelle, jusqu'au mont Sinaï.

Bon, alors pour faire court, comment dire ? Comment refléter la vérité profonde de mon sentiment ?...

L'APOTHICAIRE, c'est nul. Pourtant j'avais bien aimé la série SÉRUM ('tite allitération c'est cadal). Un style téléphonique à La Musso ou Grisham, pisscopiste, mais une intrigue bien foutue, efficace comme les premières saisons de 24. 


Mais là,  catastroche ! D'un pitch alléchant, Loevenbruck nous pond un pavé boursouflé au dénouement à la mord moi le gnou si j'y suis ! 

Bon déjà le style... Henri a dû se dire qu'il fallait marquer le coup... L'intrigue se noue au Moyen Age tout de même... Un œil sur LE NOM DE LA ROSE, l'autre sur son dictionnaire du "parloyer françois des temps jadis", il nous assène ce genre de phrases :

« Il était de ces figures assurées, qui oncques n’exhibent la moindre faiblesse, qui ont réponse à toute chose et ne quittent en aucun cas le masque de leur sapience reconnue »

Diantre Messire, palsambleu... Ça fleure bon son médiéviste besogneux qui veut bien faire... 

Et puis plus loin, un magnifique "Et mon cul, c'est du poulet !" conclut en beauté un chapitre. Je n'invente rien. 

Sinon, on a à peu près tout le monde : le héros érudit, intelligent  sévère mais juste. Le jeune ingénu  apprenti, la jeune fille en fleur, le méchant très méchant et la putain au grand cœur. 

Ah la péripatéticienne des faubourgs, on dirait San Antonio revisitant un épisode de IL ÉTAIT UNE FOIS L'HOMME.

Le problème est que ces personnages sont peu incarnés, on s'en tapote légèrement la flûte de leur devenir mais là n'est pas l'important, le dénouement va nous récompenser de notre persévérance. 

Bon les filles c'est le moment de vous coller une  



Cela n'engage que moi et je m'en voudrais de vous priver d'un plaisir de lecture...

Bon, sûr de sûr ?

Or donc notre Saint Loup de péripéties en découvertes, ce qui donne l'occasion à Loevenbruck de nous en mettre plein la vue sur la vie quotidienne au moyen âge, les sectes de tout poil et toutes éruditions peu utiles au récit mais qui allonge le trait et grossit le pavé... Bref notre Saint Loup découvre au mont Sinaï qu'il existe un livre... Si tu le lis... Si tu le comprends aussi, faut pas déconner non plus. Ces conditions remplies tu disparais littéralement. Comme si tu n'avais jamais vécu, le cosmos est en quelque sorte réaménagé comme un espace Ikéa...

Bien bien. Et ? Rien. Quel intérêt ? On ne sait pas. La raison fondamentale de ce livre? Qui était la personne qui vivait chez Saint Loup qui a lu ce livre et qui s'est évaporé ? On ne sait pas. Saint Loup s'efface, nos deux jeunots font l'amuuur et rideau. 

Moi je dis à ce niveau de foutage de gueule c'est de la voltige... Il avait un avion à prendre Loevenbruck ? il y a une suite de prévue ? Nan ? Nan. Ha bon... 

Je me suis fait U. Pas grave ça arrive...

Plusieurs fois en plus. 


L'OMBRE DU SHRANDER raconte l'odyssée de trois histoires parallèles, enchevêtrées chapitre après chapitre. 

C’est d’abord (de nos jours) la fuite perpétuelle de Michael Kearney à laquelle le lecteur assiste, impuissant. Physicien fou, il travaille sur des expériences mathématiques qui aboutiront (sans qu’il le sache jamais) à la théorie du voyage spatial généralisé. Mais sa vie quotidienne est un cauchemar. Hanté et poursuivi sans cesse par une créature épouvantable (nommée “Shrander”, donc) à laquelle il a dérobé une étrange paire de dés, il mène une existence de tueur pour gagner du temps, chaque cadavre lui accordant un délai supplémentaire. De Londres à New York, ses retrouvailles avec Anna (son ex-femme) ne le mènent nulle part. L’échéance se rapproche, et Kearney doit un jour payer. Payer quoi ? Qui ? Et pour quelles obscures raisons ?

Ailleurs, beaucoup plus tard (en 2400, précisément), Seria Mau Gemlicher tente de redevenir elle-même en retrouvant son humanité. Amas de chair plus ou moins palpitante maintenue en vie dans une cuve spéciale, elle est le cerveau et le pilote du vaisseau White Cat, entité à la fois artificielle et humaine, construite à partir d’une technologie extraterrestre oubliée, exploitée sans aucune conscience par les humains qui en ont découvert les restes. Poursuivie par d’autres vaisseaux issus de la même technologie, hantée par ses rêves de petite fille, elle part à la recherche d’elle même et (peut-être) du seul homme à avoir jamais voyagé dans la bande de Kefahuchi (un amas d’étoiles, de trous noirs et d’autres saletés tellement denses que personne n’en est jamais revenu vivant). 


En parallèle, on suit la pathétique histoire d’Ed Chianese, ancienne gloire de l’exploration spatiale, désormais camé (on dit “ twink ”) jusqu’aux yeux via les rêves offerts par les citernes (on dit “ tank ”) dans lesquelles il survit, l’épine dorsale connectée à une réalité virtuelle, indifférent au sort du monde extérieur. Mais ce dernier le rattrape sous la forme de deux sœurs, très occupées à massacrer leur monde pour récupérer ce qu’Ed leur doit. Chianese finira oracle dans un cirque ambulant, avant de se confronter lui aussi à son propre Schrander... (Mais qu’est-ce que le Schrander ? un démon intérieur ? la quête de son individualité ? un cauchemar ? une rédemption ?)
Bien le merci à feu Le cafard Cosmique

Ça c'est du résumé qui claque les yeux. 

Je suis un grand lecteur de SF, MULLHOLLAND DRIVE est l'un de mes films préférés. Je ne suis donc pas contre perdre pied. Ne pas tout saisir, ne pas tout comprendre n'est pas rédhibitoire. Mais comme aurait dû se dire Silvio à la veille de son trente huitième lifting : il y a une limite à tout.

Ce n'est pas barré L'OMBRE DU SHRANDER, ni intriguant, ni dérangeant, juste illisible. 

Commençons par le style, 


"En cet instant, annoncèrent les mathématiques, nous résolvons l’équation de Schrödinger pour chaque point d’une matrice de dix dimensions spatiales sur quatre dimensions temporelles. Personne d’autre ne peut le faire"

Heu... Et bien c'est à dire que... Je suis censé dire un truc ?

Harrison nous balance ce genre de sentences à tout bout de chou, et à force... Ça pique un peu.


"Un peu plus tard, elle aligna sa vitesse sur celle de l’épave et se stabilisa tandis que les débris tournaient lentement autour d’elle : plaques de coque pliées, articles monolithiques de propulseurs dynaflux et ce qui ressemblait à des kilomètres d’un câble en lent déroulement"

Bon John, tu commences à franchement augmenter le volume de mes gonades...

Ce livre était annoncé comme LE livre, difficile à lire à cause de son contenu mais une oeuvre en soi. 

Au contraire, il s'agit d'un livre difficile à supporter à cause de son manque de contenu masqué par un style abscons. À la moitié du récit, l'histoire a à peine avancé. De plus, le lecteur est trimbalé entre trois personnages sans éclats. 

Intrigue mal définie, personnages brouillons et un univers SF qui ne semble servir que de décor de fond à une histoire sans histoire. On est loin, très loin de Iain Banks auquel on le compare parfois...

Il faut vraiment invoquer quelque force obscure pour finir ce bouquin.

Merdum ! je ne suis pas plus con qu'un autre !


Tout commentaire sera superflu, voire même désobligeant...
Bon je pourrais bien vous paffer une 




Sous la bande de Kefahuchi , sur un astéroïde perdu, trois objets vieillissent doucement : une paire de dés en os, un squelette humain complet et un vaisseau spatial abandonné. 

Voilà...

De dénouement il n'y a point. Je n'ai rien compris. LOST HIGHWAY de David Lynch est un hymne à la simplicité en comparaison, le TRACTATUS LOGICO-PHILOSOPHICUS de Ludwig Wittgeinstein un conte pour enfants...

Nan je vous le dis les filles, je devrais suivre ce précepte plus souvent : "la vie est bien trop courte pour qu'on s'encombre". 


2 commentaires :

  1. Vous n'avez pas un brin de poésie, monsieur, épicétout.
    Henri Loevenbruck, c'est un peu mon amoureux, tu vois, alors je refuse l'objectivité ^^
    Et la fin de l'apothicaire n'est pas pire que la la fin des milliards de tapis de cheveux.
    Il nous laisse dans le doute, on a le choix d'inventer un personnage, une amoureuse, un disciple.
    Il est fort Henri :) zétoiles dans les yeux qui brillent

    Ton autre bouquin, je l'ai pas lu, mais bon, pour le coup, je passe mon tour ^^

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  2. Allons allons madame,. Tout d'abord comparer les dénouements des TAPIS DE CHEVEUX et L'APOTHICAIRE a peu de sens. On peut en effet trouver le dénouement du livre de Eschbach capilotracté (pour ester dans le thème) -personnellement je le trouve amusant et ironique dans la mesquinerie qu'il démontre- mais lui au moins nous en propose un. Loevenbruck ne propose rien, aucunes explications, nada. Il donne l'impression de ne pas avoir su finir et couper à 20 pages de la fin.

    Et comment peux tu abdiquer ton sens critique ? Si je trouve que Scarlett Johansson interprète superbement La Veuve Noire dans les films Marvel dans sa combinaison en cuir ce n'est aucunement en raison d'une quelconque indulgence esthétique. Si Charlize Théron est tellement juste dans PROMETHEUS, ce n'est aucunement lié à sa combinaison moulante...

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